Je n’ai pas une centaine d’amis, mais j’ai… une centaine de fourmis à proximité, c’est ainsi que les fourmis locales trichant avec le damier péruvien ont raisonné.
Comme l’ont découvert des scientifiques de l’université de Rice (États-Unis), les chenilles de la libellule péruvienne Adelotypa annulifera sécrètent une substance sucrée que les fourmis Ectatomma tuberculatum absorbent volontiers. En retour, elles offrent aux chenilles des services de garde du corps, les protégeant de leurs ennemis. Cela ne semblerait-il pas juste ? Mais non.
Après s’être transformé de chenille en papillon, le damier empiète sans vergogne sur les “nectaires”, les sites de collecte du nectar à l’extrémité des jeunes pousses de bambou. Ces nectaires sont occupés par des fourmis, qui y apportent du nectar, élément important de leur alimentation. Les fourmis repoussent les autres envahisseurs avec succès, mais elles perdent leur pouvoir face aux contrôleurs : les papillons traîtres émettent une odeur particulière semblable à celle des chenilles.
Selon Phillip Torres, un scientifique de l’université, cette odeur incite les fourmis à prendre soin des papillons et leur fait espérer des “cadeaux sucrés”, qui s’avèrent finalement être un simple canular. De plus, après avoir mangé le nectar, les papillons pondent des œufs sur les mêmes pousses de bambou et s’envolent, et les fourmis obtiennent de nouvelles chenilles et le cycle complet recommence.
Les papillons se déguisent également en fourmis par la couleur de leurs ailes, un motif qui confond les oiseaux prédateurs qui hésitent à se nourrir de fourmis, lesquelles, selon M. Torres, sont peu appétissantes et chimiquement défensives.